Envoi
à Notre-Dame de Paris
le 2 juin 2001
Bien chers pèlerins,
Vous êtes pour la plupart encore très jeune et croyez que c’est bien pour nous, les anciens, une joie sans mélange. Quelle joie profonde de vous voir déjà si nombreux, car vous êtes le fruit de beaucoup d’amour, c’est-à-dire de beaucoup d’efforts, de sacrifices, d’angoisse, de larmes et de longues supplications.
C’est le cœur gonflé d’une immense reconnaissance envers Dieu, « le Père des miséricordes » (2 Co 1-3) que nous vous contemplons pleins de jeunesse, pleins d’ardeur et d’enthousiasme : prêts à partir pour l’accomplir les Gestes de Dieu !
Mais, il nous appartient aussi de vous guider avec sagesse et fermeté sur les rudes chemins et le long voyage de cette vie terrestre, dont ce pèlerinage de trois jours est une image et comme un résumé. Il nous faut éclairer votre manque d’expérience, tempérer vos ardeurs, ou au contraire secouer votre indolence et votre insouciance, ou encore maîtriser vos critiques trop passionnées.
Il y aurait bien des choses à dire, mais il m’appartient, plus spécialement, en ce début de pèlerinage d’attirer votre attention sur l’essentiel et pour cela de vous appeler au plus grand sérieux !
Car l’heure est grave, et
même très grave !
Je n’ai pas besoin de vous l’expliquer, vous le savez bien ! vous en souffrez vous-même chaque jour. Vous voyez bien que les forces des ténèbres et de la mort se sont coalisées pour nous donner l’assaut. Vous en sentez chaque jour la terrible pression, inquisitoriale, totalitaire, sans pitié aucune !
Si vous le comprenez, prenez très au sérieux ce pèlerinage car ce que vous entreprenez aujourd’hui n’est ni une grande promenade de santé ni un exploit sportif, ni un forum itinérant où l’on communique délicieusement les dernières infos (ou plus exactement les derniers potins).
Non !
Vous êtes là pour accomplir un acte religieux, une œuvre sacrée de prière, de pénitence, de sacrifice, et en un mot de réparation, pour arracher au ciel des grâces exceptionnelles.
Vous êtes là d’abord, bien sûr, pour réparer le mal que vous avez pu commettre vous-mêmes. Mais aussi et surtout en réparation pour notre Pays et pour l’Église – qui est le corps sacré auquel vous appartenez par votre baptême – un corps attaqué de toutes parts.
Aussi, soyez sérieux !
comprenez l’importance de ce que vous allez faire.
Amassez courageusement, au cours de ces trois jours, de quoi être riches en arrivant à Notre-Dame de Chartres.
Lorsque, dans cet arche magnifique, Jésus, le Souverain Prêtre, sera à l’autel du Sacrifice, au moment de l’offertoire, il faut absolument que vous puissiez déposer dans ses mains saintes et adorables une hostie véritable : votre corps fourbu avec tout ce que cela représente, et un vin précieux : le sang de vos veines, de vos ampoules, la sueur de vos efforts, et peut-être même quelques larmes de repentir ou de trop grande joie.
Alors dans un geste d’une grandeur insondable, d’une beauté ravissante, d’une miséricorde incompréhensible, Jésus prendra sur lui tout ce que vous aurez récolté en trois jours et offert généreusement ; et ll le transformera en or de gloire, Il en fera son propre corps et propre sang !
Pour que votre offrande réparatrice soit une hostie totalement pure, sainte, immaculée, et irrésistiblement agréée par le Dieu Tout Puissant, de vos pauvres petits sacrifices Jésus fera son propre sacrifice à Lui par la consécration.
Et Jésus fera plus encore, car dans la communion il vous rendra tout ce que vous aurez récolté péniblement et offert avec générosité, en se donnant lui-même à vous dans une communion sainte, dans une fusion sacrée, il vous rendra en même temps tout ce que vous lui aurez donné et offert en sacrifice, mais après lui avoir donné une valeur infinie ; et vous repartiez alors le cœur gonflé d’une énergie et d’une joie surhumaines – prêts à affronter ce monde plein de haine pour entraîner vos frères dans ce grand mystère de la Foi. Parce que malgré vos petitesses tout ce que vous aurez fait de bien et tout ce que vous aurez supporté de pénible pendant ces trois jours, sera devenu une participation réelle et très efficace à votre propre Rédemption surtout à celle de vos frères les plus pauvres de Dieu.
Vous aurez fait alors une œuvre parfaite de réparation.
Une toute petite goutte de votre sueur et de votre sang dans l’immense calice du Seigneur, mais une goutte bien réelle, venant de vous, aura contribué à réparer et à opérer le salut de tous ces frères avec une puissance irrésistible, car elle sera devenu miséricordieusement le sang même de Jésus.
Alors, vous comprendrez beaucoup mieux, grâce à ce pèlerinage accompli avec sérieux ce que Saint Paul affirmait avec conviction et qu’il pratiquait avec ardeur : « j’achève en mon corps ce qui manque à la passion du Seigneur ».
Allez maintenant, chers pèlerins (j’allais dire chers enfants),
En avant !
avec courage, avec conviction, avec détermination, pour la gloire de Dieu d’abord, et pour le salut de notre pauvre monde ensuite ; et portez surtout avec amour dans vos pieds, dans vos jambes, dans votre dos douloureux ceux qui sont là parmi vous et qui sont venus pour trouver la force de se convertir, pour trouver les ressources nécessaires pour s’arracher aux griffes du démon et à ses œuvres de mort.
Si vous les gagnez vous réjouirez le ciel ! car il y a grande joie parmi les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent de son péché (Luc 15, 10), et quand le Ciel est en fête on peut tout obtenir de lui.
Allez maintenant, la Très Sainte Vierge Marie, mère de l’Église et Reine de France vous attend à Chartres, pour vous embrasser avec tendresse dans son grand manteau.
Et nous mêmes, dans quelques instants, nous allons vous donner la bénédiction du Dieu Tout Puissant pour sanctifier par avance tous vos efforts et les rendre agréables à Dieur ;
Vive Jésus
Vive Notre-Dame !
Ainsi soit-il.
Abbé Jean-Michel DUPORT
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le lundi 03 mars 2003+
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