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LE TRÉSOR CACHÉ

par Saint Léonard de Port-Maurice (1676-1751)

 

 

Si rare et si précieux qu'Il soit en réalité, un trésor ne saurait être estimé qu'autant qu'il est connu. Voilà sans doute, cher lecteur, pourquoi le très saint sacrifice de la Messe n'est point apprécié d'un grand nombre de chrétiens dans la mesure de sa réelle valeur : il est la plus belle richesse, la plus divine gloire de l'Église de Dieu ; mais c'est un trésor cache que trop peu connaissent. Ah! si fous savaient quelle est cette perle du paradis. II n'est pas sur la terre un homme qui ne donnât volontiers en échange tout ce qu'il possède ici-bas.

Savez-vous donc ce que c'est, en réalité, que la sainte Messe ? Elle n'est rien de moins que le soleil du christianisme, l'âme de la. foi, le cœur de la religion de Jésus-Christ ; tous les rites, toutes les cérémonies, tous les sacrements, s'y rapportent. Elle est, en un mot, l'abrégé de tout ce qu'il y a de beau et de bon dans l'Eglise de Dieu. Ce sacrifice est vraiment le plus vénérable et le plus parfait ; et, afin qu'un pareil trésor obtienne de vous l'estime qu'Il mérite, nous examinerons Ici rapidement, en peu de mots, quelques-uns de ses titres. Je dis quelques-uns : les embrasser tous serait chose impossible à l'intelligence humaine.

 

l. Le sacrifice de la Messe est le même que Celui du Calvaire

Le premier et principal caractère d'excellence de la sainte Messe, c'est que nous devons la considérer comme étant essentiellement et absolument le même sacrifice que celui qui fut offert au Calvaire.

Une seule différence se présente : sur la croix, il fut sanglant et il n'eut lieu qu'une seule fois,, et cette seule fols II eut assez de vertu pour expier pleinement tontes les Iniquités de l'univers : sur l'autel, il n'y a point de sang répandu ; de plus, le sacrifice se renouvelle à l'Infini, et son objet direct est d'appliquer à chacun en particulier, la rédemption générale acquise par JÉSUS dans sa douloureuse immolation. Le sacrifice sanglant a été le principe de notre rançon, le sacrifice non sanglant nous met en possession de cette rançon ; le premier nous ouvre le trésor des mérites de Notre Seigneur, l'autre nous en assure l'usage.

Remarquons-le attentivement, du reste : la sainte Messe n'est point une simple représentation, un simple mémorial de la passion et de la mort du Sauveur : c'est une reproduction réelle et certaine de ce qui s'est accompli sur la croix : en sorte qu'on peut dire, en toute vérité, que dans chaque messe notre Rédempteur subit de nouveau pour nous la mort, d'une manière mystique, sans mourir en réalité. Il vit tout à la fois et il est immolé. "J'ai vu, dît saint Jean, l'Agneau qui était comme égorgé"

Le jour de Noël, par exemple, l'Église nous représente comme actuelle la naissance de Jésus ; à l'Ascension et à la Pentecôte, elle nous le montre triomphant, quittant la terre, ou bien envoyant aux. Apôtres ; le Saint-Esprit, sans que pour cela il soit vrai qu'à pareil jour le Seigneur monte au ciel et que l'Esprit-Saint descende visiblement sur les fidèles. Or, il ne serait pas permis de raisonner ainsi quant au sacrifice de la Messe : là ce n'est point une simple représentation, c'est exactement le même sacrifice que celui du Calvaire : seulement il n'est plus sanglant. Ce même corps, ce même sang, ce même Jésus qui s'offrit sur la croix, sont offerts sur l'autel. "C'est, dit l'Église, c'est l'œuvre même de notre rédemption qui s'accomplit de nouveau" Oui, elle s'accomplit très certainement ; oui, c'est le même sacrifice. Absolument le même, que le sacrifice du Calvaire.

O merveille inexprimable! Avouez-le sincèrement : si, lorsque vous allez à l'église entendre la messe, vous réfléchissiez que vous montez au Calvaire pour assister à la mort de Notre-Seigneur, vous verrait-on si peu recueilli, si dissipé, si mondain ?

Qu'eût-on pensé de Marie-Magdeleine si on l'avait rencontrée au pied de la croix couverte de ses plus beaux vêtements, parfumée, parée comme au temps où elle s'abandonnait à ses passions ? Que faut-il dire de vous, quand vous vous rendez au saint lien comme vous iriez à une réunion vulgaire ?

Et que serait-ce, grand Dieu l si vous vous oubliiez jusqu'à profaner cette action, de toutes la plus sainte, par des regards et des signes inconvenants, par des rires, des conversations, des rencontres coupables, des sacrilèges ? Le péché est chose horrible en tout lien et en tout temps; mais celui qui se commet pendant le temps de la Messe, à côté même des saints autels, attire plus que tout autre la malédiction de Dieu. "Maudit, s'écrie le prophète Jérémie, maudit l'homme qui fraude dans l'œuvre divine." - Pensez-y sérieusement. - Mais il est dans ce trésor admirable d'autres merveilles encore et d'autres excellences.

 

2. Le prêtre principal, à la Sainte Messe, est Jésus-Christ lui-même

Dans le nombre des prérogatives sublimes de cet adorable sacrifice, aucune semble-t-il, n'est plus admirable nue d'être mon pas seulement la copie mais l'original même du sacrifice de la croix : et pourtant il en est une supérieure encore à celle-là, qui est d'avoir pour ministre et pour prêtre un Dieu-Homme.

Dans une action aussi sainte que celle du Saint. Sacrifice, il y a trois choses à considérer spécialement : le prêtre qui offre, la victime qui est offerte, la majesté de celui à qui on l'offre. Eh bien! ici nous trouvons, à ce triple égard, l'Homme-Dieu, Jésus-Christ, pour prêtre ; la vie d'un Dieu pour victime ; Dieu lui-même pour fin. Excitez donc votre foi, et reconnaissez dans le prêtre qui est à l'autel la personne adorable de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui est le prêtre principal, non seulement parce que c'est lui qui a institué cet auguste sacrifice, et lui a donné par ses mérites tonte son efficacité, mais encore parce qu'à chaque messe. II daigne changer pour nous le pain et le vin en son corps adorable et son sang précieux. Voilà le plus grand privilège de la sainte messe ; c'est d'avoir pour prêtre l'Homme-Dieul

Sachez donc, quand vous voyez le célébrant à l'autel, que son principal mérite est d'être le ministre de ce Prêtre éternel et invisible Notre-Seigneur Jésus-Christ. C'est pour cela que le saint sacrifice de la Messe ne cesse pas d'être agréable à Dieu, lors même que le prêtre qui l'offre est sacrilège ; parce que le prêtre principal est Notre Seigneur Jésus-Christ, et que celui que vous voyez n'est que son ministre. Si quelqu'un fait l'aumône par la main de son serviteur, c'est à lui qu'on l'attribue, et lors même que ce dernier serait un scélérat, si le maître est juste, son aumône est sainte et méritoire.

Béni donc soit le Seigneur de nous avoir accordé ce Prêtre saint, la sainteté même chargé d'offrir au Père éternel l'auguste sacrifice, non seulement en tous lieux puisque la foi est désormais répandue dans l'univers entier, mais ai tout temps, chaque jour, à toute heure même, car le soleil disparaît à notre horizon que pour se lever sur d'autres contrées. C'est pourquoi, a chaque heure, sur chaque point du globe, ce Prêtre très saint présente à Dieu son sang, son âme, sa personne entière ; il les présente pour nous, et cela autant de fois qu'Il se célèbre de messes dans le monde. O trésor immense ! O source d'inappréciables richesses ! Ah ! que ne pouvons-nous assister à toutes les messes qui se disent ! quels mérites nous gagnerions ! que de grâces en cette vie, et quelle gloire dans l'autre nous pourrions acquérir !

 

3. Dignité à laquelle est élevé le fidèle qui assiste à la Messe

Mais que parlé-je d'assister ? Entendre la sainte Messe, ce n'est pas seulement cela, c'est l'offrir soi-même. Oui, le simple fidèle peut et doit être appelé sacrificateur, ainsi que nous le lisons au chapitre V de l'Apocalypse : "Vous avez fait de nous. Seigneur, votre royaume et vos prêtres"

Le célébrant à l'autel, c'est le ministre de l'Église agissant au nom de la Communauté ; il est le médiateur de tous les fidèles, spécialement de ceux qui sont présents, auprès de Jésus-Christ le prêtre invisible ; uni à lui, il offre à Dieu le Père, tant au nom de tous qu'en son nom particulier, le prix divin de la rédemption des hommes.

Mais, comprenons-le bien, il n'agit pas seul dans une si auguste fonction : chacun de ceux qui assistent à son sacrifice concourt avec lui à l'accomplir et à l'offrir, et c'est pourquoi, lorsqu'après l'offertoire, il se tourne vers le peuple, il dit : priez, mes frères, pour que mon sacrifice qui est aussi le vôtre, soit agréable au Dieu tout-puissant ; afin que nous entendions par là que, bien qu'il fasse les fonctions de principal ministre, tous ceux qui sont présents, offrent avec lui le saint sacrifice.

Ainsi tontes les fols que vous assistez à la messe, vous faites en un certain sens l'office de prêtre. Oserez-vous maintenant entendre la messe en causant, en regardant de côté et d'autre, peut-être même en dormant, vous contentant de réciter tant bien que mal quelques prières vocales, sans faire aucune attention aux fonctions redoutables de prêtre que vous exercez ?Ah ! je ne puis m'empêcher de m'écrier ici : Monde insensé, qui ne comprend rien à ces Sublimes mystères !

Comment est-il possible que l'on se tienne auprès de l'autel, l'esprit distrait et le cœur dissipé, pendant que les anges contemplent dans une sainte frayeur l'accomplissement d'une œuvre merveilleuse!

 

 

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