Retour vers "Notes de lectures"
Padre Pio : le crucufié
Ennemond Boniface
Editeur : Nouvelles Editions Latines
C'est ici l'occasion de rappeler ce mot de saint Pie X à un religieux qui travaillait aux archives vaticanes : "Vous devez trouver des choses pas belles chez mes prédécesseurs ?
La vie, la passion et la mort du P. Pio rappellent des vérités incompréhensibles par le monde moderne, qui les a oubliées, parce que ceux qui devraient les lui enseigner ne 's'en souviennent pas eux-mêmes.
L'effort moderniste de désurnaturalisation, de déspiritualisation, de désacralisation du christianisme, qui se poursuit depuis des années, et contre lequel tant de justes protestations se sont vainement élevées, a été très efficace. Il l'est et le sera de plus en plus, car rien ne permet de prévoir qu'il puisse s'atténuer. Au contraire.
C'est ce qui explique l'incompréhension, non seulement du grand public excusable de n'y rien entendre, mais aussi de quantité de prêtres et de religieux, devant le cas d'un aussi haut et pur mystique que le P. Pio. Ils ne veulent retenir, ces néo-modernistes, que le côté merveilleux du sujet, ce qui frappe la curiosité, le pittoresque insolite qui étonne on stupéfie, sans chercher à comprendre ce que tout cela recouvre et signifie.
Il faut donc rappeler que, dans l'ordre où il l'est devenu, P. Pio a été pour ce qui nous intéresse, non pas seulement avant tout, mais uniquement et pleinement, un mystique, un religieux, un prêtre, et en cette triple qualité, "il n'a connu que Jésus, et Jésus crucifié". Suivant la définition de saint Paul, il a désiré "ajouter dans sa chair ce qui manquait à la passion du Christ". Pour partager Sa mission de Rédemption du Monde il a dû partager Sa Passion. Toute sa vie, il a. volontairement vécu sur la Croix. Le reste est littérature.
Le Concile et les mystiques.
La preuve est donc surabondamment faite qu'il n'aurait pas fallu compter sur la curie capucine, ni sur la haute Eglise actuelle, pour défendre et faire connaître Padre Pio. On ne soulignera jamais trop que ce sont, en fait, des laïcs qui ont assumé cette double et noble tâche. Pourtant, cette défense et cet appui à son action font partie de la mission normale de l'Eglise, que le Concile Vatican II (si souvent invoqué par ceux qui méprisent le pins ses constitutions) a tenu à préciser, en ce qui concerne ses devoirs, à l'égard des mystiques contemporains, pour lesquels, on doit en convenir, le clergé n'a, en général, qu'indifférence, quand ce n'est pas défiance et même mépris. Voici en effet, les "commentaires" faits, sur ce point, par les théologiens suivants :
A. Favala S.D.B., V. Betti O.FM., M. Midali S.D.B., G. Muraro O.P., N. Camilleri S.D.B., D. Berletto S.D.B.
"Le premier devoir des pasteurs, évêques et prêtres, chefs d'une église locale, d'une paroisse, d'un diocèse, on responsables de l'Eglise universelle, est de découvrir, avec une sorte d'instinct, les dons de l'Esprit Saint, présent dans les membres de sa communauté, ou dans le peuple de Dieu tout entier, de les favoriser et de les laisser se développer avec une grande largeur d'esprit.
Sans l'aide de tels charismes, le ministère ecclésiastique serait pauvre et stérile,
Le deuxième devoir de la hiérarchie est de maintenir constamment ouvert le dialogue avec les fidèles qui ont une connaissance et une expérience très profonde des nécessités des personnes avec lesquelles ils travaillent, comme de l'Eglise universelle.
Aussi, le troisième devoir des pasteurs, institués par le Christ, est de juger de tels charismes et d'en surveiller les manifestations, surtout de ceux qui sont extraordinaires, afin d'éviter les dangers que le subjectivisme, le mysticisme ou l'intuition pourraient faire courir à l'unité de l'Eglise, et qui seraient contraires à l'obéissance due aux supérieurs.
Ces trois devoirs ont été définis par saint Paul : "N'éteignez pas l'Esprit. Ne méprisez pas les prophéties, mais examinez toutes choses ; retenez ce qui est bon " (I. Tess. 5, 19-22)
Vérité d'abord
Le devoir de l'historiographe est donc simple et clair : continuer à rechercher et dire la vérité.
L'appel à la charité, pour masquer la vérité, n'est pas de mise. PAS BE CHARITÉ SANS JUSTICE, PAS DE JUSTICE SANS VÉRITÉ.
Le vrai scandale, en effet, c'est de ne pas crier an scandale, quand le scandale se produit : "Qui ne gueule pas la vérité, se fait complice des menteurs et des faussaires", disait Charles Péguy, qui ne faisait que transposer dans son style, le principe de loyauté donné par Léon XIII à la commission historique des cardinaux : "Que l'historien n'ose rien dire qui soit faux, ni rien taire de ce qui est vrai."
Or, toute cette multiple et prodigieuse action, tant sur le plan religieux que social, n'a été que l'effet du rayonnement de sa sainteté. C'est là ce qu'il faut retenir.
Beaucoup de jeunes prêtres animés des meilleures intentions et pleins de zèle, croient trop à l'efficacité de leurs efforts personnels et pas assez à celle de la prière et de l'exemple de la sainteté.
Le Padre Pio n'a été qu'un prêtre, mais un prêtre intégral et mystique. Dépossédé du vieil homme, il s'est laissé complètement incorporer par le Christ. Il a pleinement réalisé les Béatitudes, telles que l'évangile de la Toussaint les énumère et, incomparablement, la huitième, qui est, pour le monde, la plus incompréhensible.
Chez lui, comme chez Vincent de Paul, Jean-Marie Vianney, Charles de Foucault, le P. Chevrier, etc., l'effet de l'ordination a été total. Car, de même que la transsubstantiation ne laisse plus subsister que les apparences du pain et du vin qui recouvrent la Présence réelle de Jésus, de même, après l'ordination, une sorte de transpersonnalisation ne laisse pins subsister chez le prêtre saint que les apparences de l'homme ordinaire. C'est ainsi que le Padre Pio, par cette invisible mais réelle incorporation christique, a rappelé et imposé au monde le vrai visage du prêtre.
Premier et unique prêtre stigmatisé de tonte l'histoire de l'Eglise, il a été gratifié de dons charismatiques, qui l'ont égalé aux privilégiés du temps passé. Par toute sa vie, tout autant que par ses charismes et surtout par ses stigmates, il a manifesté la primauté du caractère surnaturel du prêtre, tout en s'engageant à fond dans les activités que réclame le soulagement de la misère et de la maladie.
Les "Groupes de Prière" dans un monde ainsi fait, pour le rappel de l'homme évangélique à la nécessité de Dieu, de ses certitudes et de ses espérances, de sa charité et de sa grâce pour un salut dans la vie et au delà de la vie, sont une manifestation collective de confiance dans la paternité amoureuse du Seigneur et, en même temps, ils constituent un lien de fraternité qui unit tons ceux qui y participent et ils surmontent toutes les misères, toutes les- indigences, toutes les souffrances. La "persévérance dans l'oraison" et dans la "fraction du pain" unissait les premiers frères, dirigés par l'"enseignement des Apôtres", et en faisait "un seul cur et une seule âme..." de telle sorte que et cette réflexion sociale est de l'écrivain inspiré Saint Luc "il n'y avait parmi eux aucun nécessiteux...".
SUPPLIQUE
ARDENT PADRE PIO cloué, par vos stigmates, à la Croix de Jésus ; victime d'amour, unie par la souffrance volontaire à la volontaire Victime de l'Amour Divin, vous avez répandu, pendant cinquante années, par vos glorieuses plaies, pour nos péchés, un sang rédempteur.
Beaucoup des vôtres ne vous ont pas reçu ; ils ont préféré leurs ténèbres à l'éclatante lumière, que vous aviez mission de leur apporter, Votre sainteté leur était un scandale intolérable, parce qu'elle soulignait l'intolérable scandale de leur vie. C'est pourquoi, ils vous ont trahi, calomnié, brimé, brutalisé... férocement persécuté, sans décourager votre amour, ni votre humilité, ni votre héroïque obéissance.
Aveuglés par un orgueil satanique, ceux-là n'ont pas vu que la grâce divine éclatait dans les charismes merveilleux, dont vous étiez comblé.
FERVENT PADRE PIO Aidez-nous à supporter comme vous les atteintes de la méchanceté et de la grossière bêtise. Obtenez-nous de pardonner comme vous avez pardonné, d'obéir comme vous avez obéi, et d'aimer, en nos frères, le Christ, comme vous l'avez aimé dans tous les hommes et surtout dans vos innombrables convertis, les fils chéris de votre cur transverbéré.
Retour vers "Notes de lectures"
Ce site a été modifié par l'A.M.D.G le jeudi 03 janvier 2002
© Association "Ad Majorem Dei Gloriam"
- 2000